»Au commencement de mon installation, j’allais de temps en temps en ville pour entendre un concert, ou j’achetais un beau livre. Mais le pays m’a tellement pénétrée, que je vis maintenant de son parfum, de son atmosphère, de sa lumière, de la vie intense de ses champs, de ses pineraies, de ses bruyères.
Lire encore des livres… Et les drames qui se passent dans le gazon où, couchée sur le ventre, je suis les insectes qui se poursuivent, se volent, s’assassinent et s’aiment avec passion… . Dans les bois je vois des choses adorables et féroces… A la fin de l’été, quand je me promène dans les pineraies, les jeunes lapins qui ignorent encore l’homme et le résultat d’un coup de fusil restent couchés sur un petit tas d’herbe et me regardent naïvement. Mais l’approche de mes chiens les effraie et ils se sauvent, laissant un petit creux bien chaud. Comme j’empêche mes chiens de les poursuivre, ceux-ci se jettent en reniflant sur le petit creux et le ravagent de leurs pattes.
Puis, n’est -ce pas une page de poésie que ces petites fleurs qui se ferment tous les jours où il n’y a pas de soleil, comme si alors la vie ne valait pas d’être vécue… Et ce vieux ménage de corbeaux qui passent en diagonale sur le jardin, tous les jours à la même heure, comme s’ils rentraient chez eux, après des heures de travail… et avec quelles intonations logiques ils s’interpellent, tout en volant… Il n’y a certes pas de ménage aussi uni dans le village. ‘‘Neel Doff (Jours de famine et de misère)

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