»-. Vous voyez cet arbre gigantesque ? -. C’est pour lui que je suis revenue. J’ai tellement rêvé à son pied. -. Vous ‘n’êtes pas la seule. Il y a cent ans, il était presque aussi grand qu’aujourd’hui. Il y a cent ans, nous étions vos serfs à Pitaugier, la ferme qui est au pied du coteau. En ce temps-là, Pitaugier existait déjà, mais pas le château. Le chêne était seul au milieu des ruines, les ruines d’un couvent. Du moins, c’est ce qu’on m’a dit.
Votre grand-père s’appelait Palamède, et le mien Antoine, comme moi. Ils avaient dix ans tous les deux. Et la même passion pour cet arbre. Ils venaient le voir, lui parler, le flatter. Chacun guettait avant d’en approcher, savoir s’il était bien seul, le ridicule à cette époque ça tuait autant qu’aujourd’hui et ils avaient bien peur de l’être, tous les deux. Sauf qu’un soir d’été mon grand-père s’est endormi sous l’arbre, que le vôtre l’a trouvé et qu’il lui a donné un coup de pied pour le réveiller.
-. Que fais-tu là, manant ? -. Je rêve. -. Tu rêves à quoi ? -. A ça. L’enfant-serf avait répondu en désignant l’arbre. Alors l’enfant-marquis s’était assis à côté de lui. –. Tu crois qu’on peut l’aimer à tous les deux ? -. Les rêves, c’est pour tout le monde. » Pierre Magnan (Chronique d’un château hanté)

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😊🌳
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Une jolie histoire et une représentation poétique de l’arbre!
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