»-. Alors, ils s’aperçurent qu’une ombre pesait sur eux, que le soleil déclinant couchait au soleil. C’était la silhouette d’un arbre gigantesque. Cette présence muette opposait sa masse tranquille devant l’armée huguenote. La disparition de l’abbaye et de son clocher démoli avait creusé un grand vide dans le paysage, et le feuillage du chêne tremblait d’aide devant l’éclaircie qui déchirait le ciel et le mettait en lambeaux parmi les nuages.
L’armée avait rasé tous les arbres qui étaient à sa portée, mais celui-ci, il fallait six hommes pour en faire le tour, les bras écartés. Un rossignol unique, comme s’il donnait un récital, se servait de l’arbre pour que sa voix fut divine. Aussitôt qu’il vit ce chêne, Charance donna l’ordre de l’encercler avec des mortiers et de l’abattre à coups de canon. Il ne savait pas l’âge de l’arbre, mais son ombre le désobligeait. Les faibles ont toujours, secrètement, et sans se l’avouer, détesté les vieux arbres qui ont le privilège de vivre plus longtemps que les hommes. Charance saisissait le prétexte du massacre pour assouvir cette sournoise vengeance. » Pierre Magnan ( Chronique d’un château hanté)

😊🌲
J'aimeAimé par 1 personne
Triste histoire, illustration originale et belles couleurs!
J'aimeAimé par 1 personne
Comme c’est beau et si tristement vrai…
J'aimeAimé par 1 personne