»-. Un enfant né d’une passade ne diffère pas d’un enfant né dans le mariage...mais pouvait-on en être sûr ? Un homme possède son épouse avec passion, comme il est naturel, mais il prend soin d’elle. Dans la fièvre qui les tient poitrine contre poitrine et hanche nue contre hanche nue, il sait encore se contrôler et donner autant qu’il reçoit et satisfaire sans meurtrir. La femme lui appartient, c’est sa femme, non pas seulement pour cet instant où le désir monte en lui, mais pour demain et l’année prochaine. Elle recevra sa semence, en sera fécondée, et il verra jour après jour son enfant se développer en elle. Aussi est-il doux et attentif, et prend-il garde de venir à elle sain et pur pour que leur union soit bénie et prolifique.
Mais l’homme qui rencontre une femme dans la rue, lui fait un clin d’oeil et claque des doigts pour qu’elle le suive, lui jette quelques pièces pour payer son plaisir, la tient dans ses bras, soumise à tous ses caprices, puisque son argent lui donne tous les droits, cet homme-là se moque bien de la femme qui lui appartient un instant. Il a trouvé son plaisir, elle son gain. Insouciant, il se perd dans la foule, l’abandonnant à l’ombre où elle a travaillé et aux rues tapageuses où elle a cherché fortune.
De tous les milliers d’homme du village, de la ville, peut-être même d’un autre village, d’une autre ville, cet inconnu est le père. Qui pourrait assurer que cet homme, pris au hasard parmi tant d’autres, n’est ni malade ni impur ? Pourquoi se tourmenter ou se protéger des conséquences quand elles sont heureusement cachées aux yeux du responsable. Et quand la femme n’est qu’une unité au milieu de la foule, douce, désirée, perdue et depuis longtemps oubliée ? » Kamala Markandaya ( Le riz et la mousson)

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Poignant et bien illustré.
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