». Pendant son service militaire à Antibes, Ugolin avait eu pour voisin de chambrée un garçon fort sympathique, Attilio Tornabua. Qui lui avait dit : –. Moi, je suis paysan comme toi, je fais des fleurs-. Cette idée avait paru si extravagante qu’il avait d’abord cru à une plaisanterie. Mais Attilio l’avait invité à dîner un dimanche, chez son père, et Ugolin avait été ébloui.
Aristotèle Tornabua raconta à table qu’il était arrivé du Piémont trente ans plus tôt, avec un pain et quelques oignons dans sa musette, et une paire de souliers accrochés à son épaule, pour les »économiser ». Et maintenant, il avait une grande ferme, aussi jolie qu’une maison de ville, avec des rideaux bleus à toutes les fenêtres, et une porte vernie, une salle à manger avec un buffet sculpté, et des chaises dont le siège élastique était fait de fibres de rotin. Mme Aristotèle portait des cols et des manchettes de dentelles, un collier en or, des pendants d’oreilles étincelants, et la bonne était aussi jolie qu’une dame. Attilio avait deux bicyclettes, deux fusils de chasse, un bateau pour aller à la pêche, et, à table, on avait mangé un gigot de mouton entier, en buvant du vin cacheté ! Et tout ça, en cultivant des oeillets !
C’est pourquoi chaque soir, à cinq heures, quand ils avaient »quartier libre », Ugolin allait avec son camarade travailler dans les champs d’oeillets, pour apprendre, et le jour de son congé définitif, il avait rapporté en cachette aux Bastides une trentaine de boutures. Sans rien en dire au Papet, il les avait plantées derrière Massacrant, avec tout le soin d’un vrai fleuriste. » Marcel Pagnol (Jean de Florette)

Merci, pour vos précieux cocktails peinture et texte!
Bravo et Bonne Journée !
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😊🌺
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Jolie peinture de fleurs, les champs de fleurs à Antibes, sont souvent remplacés par des bâtiments, dans notre siècle!
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