»-. Nous prîmes donc l’étroite route qui épousait le cours méandreux de la Loire, parmi les vignobles et les prés. La campagne, alentour, était semée de châteaux forts dont les tours crénelées se dressaient avec arrogance un peu partout. Il y en avait sur les coteaux, au fond des bois, à chaque boucle du fleuve.

Nous n’étions pas sans savoir que ces forteresses servaient parfois de repaire à des seigneurs aux mœurs grossières ou féroces, qui s’enrichissent à l’aide de taxes illégales, de pillages et, au besoin, de tortures. De sombres récits nous revenaient en mémoire. Tout en suivant, sur la rive sud, le large lit du cours d’eau, en admirant la lumière, semblable à une poudre dorée, qui baignait le Val, nous ne laissions pas d’être inquiets. Et de regarder chaque taillis, chaque venelle, avec circonspection. Au reste, peu de voyageurs sur le chemin mal tracé, envahi par les herbes, barré de ronces, et creusé d’ornières boueuses. Nos chevaux avaient ralenti leur allure sur ce terrain glissant, et l’inquiétude me gagnait.
Pour me rassurer, tu chantais, de ta voix que j’aimais tant, quelque cantilène ou quelque ballade en mon honneur. Ou tu t’ingéniais à me faire remarquer les murs candides de moutiers habités par de vieux moines et disséminés sur les deux rives. » Jeanne Bourin (Très sage Héloïse)
😊🏰
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