»-. Je lui racontais les forêts de feuillus, la rondeur des collines, les troupeaux de vaches, l’eau des rivières, les canaux, les écluses, les scieries. J’ouvrais le Guide des Arbres. J’allais voir sur Google Images. Je regardais l’écran se couvrir de paysages vert chlorophylle, morceaux détachés d’un monde tout entier fait de forêts, de rivières, de galets. Je montrais à Agustin les clochers ça et là, les toits d’ardoise, les ponts sur les rivières. Je tapais le nom des aires d’autoroutes du coin. Genneton. La Chaponne. Hervaux. Montmorency. Ruffey. Je les regardais du ciel, plus ou moins vastes, pareilles de chaque côté du ruban gris de l’autoroute à deux excroissances en forme d’oreilles, piquées de tâches brillantes de voitures.

Agustin en avait assez et se remettait à jouer. Je continuais seul, imaginais l’auto-stoppeur quelque part sur ce ruban, au cœur de cette coulée, regardant glisser le long des vitres le flux ininterrompu des forêts, des champs, des remblais invariablement boisés des mêmes hêtres et des mêmes charmes. Défiler les mêmes vignes aux ceps déplumés par l’automne, les mêmes champs d’artichauts gris pâle. Les mêmes allées de luzerne, les mêmes guérets, les mêmes vaches, les mêmes bocages, les mêmes rideaux de peupliers coupe-vent, les mêmes clochers de villages au loin. La France.’‘ Sylvain Prud’homme (Par les routes)
Joli village!
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😊🌳🌲
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