Un de mes fils, qui n’est pourtant guère attiré par la peinture, avisant sur mon chevalet une oeuvre en cours, me fit une réflexion étonnante. -. Ce bouquet de fleurs dans un vase rose, il est sympa, je reconnais ton style. Toutefois, il est différent. Pourquoi ? -. En fait, il s’agit d’une commande. J’ai donc pris en compte les désidérata de mon client, tout en les adaptant à mon coup de pinceau, que ledit client, à priori, apprécie…-
La discussion s’amorce, elle prend un ton plus général, quoique tourné vers la peinture. Antoine me livre alors le fond de sa pensée. –Je reconnais, dans tes tableaux, ceux qui sont destinés à être vendus, et ceux que tu exécutes strictement pour ton seul plaisir, l’une des attitudes, probablement, n’excluant pas l’autre. » Bien vu. Et de poursuivre, sur ma demande, car sa réflexion sur le sujet m’interpelle. -. Il y a là un double regard. Lorsque tu peins pour toi, seul comptent ton oeil de peintre, ton regard, ton imagination. Lorsque tu peins pour autrui, tu y ajoutes une seconde dimension, l’oeil de l’autre, le plaisir de l’autre, et surtout son approbation.- Encore bien vu, quoique difficile à entendre…
Mon conseil. – Où commence le plaisir, où s’arrête le devoir de satisfaire, à juste titre, la personne qui commande un tableau ? Dans l’art de la peinture, comme en toutes choses de ce bas monde, il faut qu’il y ait adéquation, adaptation, entente tacite. On ne peint pas que pour soi, du moins lorsque l’on décide de montrer ses oeuvres. – A chacun de savoir où commence et où finit la part de lui-même qu’il est décidé à livrer à autrui… Après tout, une oeuvre vendue, c’est avant tout oeuvre appréciée, au-delà même d’un aspect commercial qui n’est somme toute pas négligeable.


Réflexion intéressante, valable dans bien des domaines, les deux tableaux ont leur charme, celui de la commande a un côté un peu déjanté, plus amusant!
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Peut-être qu’en peignant pour soi-même on tente des choses plus risquées, on se permet plus d’audaces ?
Quoique les grands peintres de la Renaissance ne peignaient quasiment que sur commande et ça n’a pas entravé leur créativité, du moins je ne pense pas.
C’est un sujet intéressant et pas simple !
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Voilà une réflexion pleine de sagesse qui tranche avec le cliché pernicieux de l’artiste maudit. Belles floraisons ! Danielle
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😊👍🏼👍🏼
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Belle réflexion, il en va de même pour l’écriture, on n’écrit jamais ou alors très rarement uniquement pour soi (dans nos carnets secrets seulement… et encore car écrire – comme peindre – c’est souvent se dédoubler, communiquer avec soi même soit pour « se » séduire, soit pour se convaincre). Belle soirée Christine, Michel 😉
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