»-. Le soir s’étendait sur la calme lagune. Les derniers rayons du soleil caressaient sa surface somnolente. Ce grand lac, creusé par les eaux des fleuves et des torrents, en bordure de l’ Adriatique, se riait des marées et des vagues, étant séparé de la mer par une longue bande de terre basse traversée par d’étroits passages.
De cette nappe dorée émergeaient cent dix-sept îlots dont certains minuscules, qui, plantés d’oliviers et de cyprès, piquaient ça et là leur note de verdure. Le plus étendu des îlots, le plus élevé au-dessus de la lagune, et pour cela appelé Rivo Alto -mot dont on a fait Rialto-, était habité par des familles de pêcheurs. A cette heure tardive, ceux-ci avaient ramené leurs barques dans le petit port. De la terre ferme, située à plus d’une lieue, venait, à travers le silence, un cri désespéré.
Une foule se pressait sur le bord de la lagune. Des hommes, des femmes, des enfants. Ils avaient les bras chargés de ballots noués dans des chiffons crasseux ou dans des tissus du plus haut prix. Ils étaient là, confondus, les riches et les pauvres, les commerçants, les artisans, les prêtres. Tous avaient fui devant Attila, roi des Huns, qui, descendant du Nord, ravageait sur son passage les villes et les campagnes. -. Sauvez-nous!-, clamaient les infortunés, qui croyaient entendre derrière eux le galop furieux des cavaliers de celui que l’on nommait Le Fléau de Dieu.

Les pêcheurs de Rivo Alto réembarquèrent. Ils allèrent quérir ceux qui n’avaient plus de foyer. On les répartit à travers l’Archipel. » A. De Montgon (Venise)
😊🐾
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Une vieille histoire qui fait toujours peur! Belles couleurs!
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