-. Caroline a une recette infaillible pour chasser le bourdon, cette bête rampante. Cette indigestion de l’âme qui s’appelle le cafard. Il lui suffit de fermer les yeux et de s’imaginer assise sur la cale, le dos appuyé à un canot retourné au sec ou contre une pile de casiers. Les jambes allongées sur les grosses dalles de granit que les marées ont poli jusqu’à les rendre douces comme la peau d’un bébé.
Elle connaît et elle aime tellement ce qu’elle y voit alentour. Ce qu’on y sent, ce qu’on y entend que, même assise sur le perron de la rue du Bac, comme en ce moment, elle est transportée dans l’île. Elle entend le bruit des ventouses du flot s’engouffrant dans le soubassement rocheux, le tam-tam d’un moteur de bateau qui traverse le Duns, le cliquetis incessant des haubans, là-bas, à la pointe des Blainvillais où se balancent les voiliers au mouillage.

Elle entend les mouettes en train de se disputer une ordure avec des cris de virago, le friselis de la marée montante qui envahit sournoisement la cale, poussant l’une derrière l’autre de courtes vagues lécheuses, obstinées, aplaties au sol comme des chats à l’affût. » Geneviève Dormant (La petite ✋)
Ping : L’île aux mouettes — L’atelier peinture de Christine – Le Vélin et la Plume
😊⛵️
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Beaux voiliers!
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