»-. Madame Dutaillis est la veuve d’un richissime industriel. Elle meuble sa solitude en déployant une activité forcenée dans le domaine des arts et de la politique. Elle sait détecter le jeune peintre qui va devenir célèbre, l’homme politique dont on parlera longtemps ou l’écrivain qui promet. Elle aime materner les jeunes gens, leur donner des conseils et les couvrir de cadeaux divers pour se les attacher. Au besoin, elle assomme et paralyse les récalcitrants à coups de générosité.
Elle parvient, en général, à ses fins. Et ses dîners du dimanche sont réputés. Être invité chez Célimène Dutaillis signifie qu’on est, ou qu’on va devenir, un personnage important. C’est une sorte de label mondain. Célimène procède à la façon des poulpes, allongeant ses tentacules en tous sens et vers tous ceux qui peuvent être utiles à ses entreprises…/… Elle méprise les femmes, mais sait leur faire bonne figure, quand il s’agit de mettre la ✋ sur un mari ou un amant qui lui semble intéressant.
Rien de sexuel dans tout cela. À soixante-cinq ans, Célimène Dutaillis a renoncé, depuis longtemps, à ses attraits strictement féminins. Aucune coquetterie chez elle. Elle est grise de la tête aux pieds, chignon gris, teint gris, éternelles lunettes fumées qui dissimulent son regard, souliers de daim gris. Et tailleurs gris dont les vestes boudinent un arrière-train volumineux et incarcèrent la masse indistincte d’une lourde poitrine. » Geneviève Dormann (La petite ✋)

😊🐾
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Un portrait plus gai que celui de la citation!
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