»-. Une fois à Constantinople, mon père avait su, grâce à je ne sais quelles démarches, obtenir, au bénéfice de la famille, un visa en bonne et due forme pour la France. Notre première escale devait être Venise. Lorsque nous embarquâmes vers cette destination mirifique, ma mère avait un visage illuminé de bonheur. Dans la tragédie de l’exil, il lui semblait que l’Europe victorieuse lui souriait enfin. J’avais sept ans et demi à l’époque, et je me souviens de son exaltation quand, blottis sur un vaparetto, nous découvrîmes la Cité des Doges.

A l’hôtel, par souci d’économie, nous nous entassâmes à sept dans trois petites chambres, dont aucune n’avait vue sur le canal. Maman aurait souhaité profiter de notre séjour pour visiter les galeries d’art, les églises, rêver sur la place Saint- Marc et devant le pont des Soupirs. Mais papa lui expliqua que nous étions tenus par des dates impératives et que, le but final de notre voyage étant la France, nous ne pouvions nous permettre de musarder en cours de route. Bref, il n’était pas question de défaire les valises, ni même de mettre le nez dehors. » Henri Troyat (Le fils du satrape)
😊🐾
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J’ai lu beaucoup de livres d’Henri Troyat, pas celui-ci,où il doit raconter ses souvenirs.Belle image de Venise!
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