Escale marseillaise

 »-. Le Dupleix l’avait débarqué à Marseille deux jours plus tôt. Le vieux bateau était entré en cale sèche, aux bassins de radoub. On allait essayer de le réparer, ou plutôt de le démolir. Il avait trop baroudé sur trop de mers, il avait reçu des torpilles de flanc, il avait senti sa cale chauffer quand le chargement de coton ou de charbon a avait pris 🔥. Il avait abordé, de front, les lames de la Méditerranée, de l’Atlantique, du Pacifique, il était à sa fin. Ses hommes, ses matelots l’avaient quitté, leur sac sur le dos, avec un dernier regard de pitié, comme on quitte un malade condamné à mort, au seuil de l’hôpital.

Olivier était descendu à terre avec les autres. Il avait six jours avant de rembarquer, il ne savait encore pour où. Il avait pris le tram de la Joliette vers Marseille. Un hasard lui avait fait emprunter les quais. Arrivé au Fort-Saint-Jean, il avait sauté à terre. C’était un de ces printemps marseillais que l’automne méridional répand sur Marseille, en grande joie. Une lumière dorée baignait. Notre-Dame-de-la-Garde et la dégringolade de vieux toits, qui descend les pentes depuis l’église des Accoules et l’ Hôtel-Dieu. Olivier se mit à marcher sur les pierres du quai, patinées par le goudron des bateaux, le suc des oranges. Et où les grands filets bruns, remaillés de blanc, apportent leurs odeurs de poissons. » Thyde Monnier (Grand Cap)

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