». Le đ°, ce n’Ă©tait pas la demeure d’un mort, c’Ă©tait une demeure vide, ou vidĂ©e, tout simplement, vidĂ©e de sa vie depuis longtemps. DĂšs le vestibule, cette chose-lĂ se sentait. Le ChĂąteau Ă©tait un lieu dĂ©funt, qui avait arrĂȘtĂ© depuis des lustres de respirer, de rĂ©sonner du bruit des pas, du son des voix, des rires, des rumeurs, des disputes, des rĂȘves et des soupirs.

Au-dedans, il ne faisait pas froid. Il n’y n’avait pas de poussiĂšre, pas de toiles d’araignĂ©e, rien de ce fatras contre lequel on s’attend Ă butter lorsque l’on force les serrures des tombeaux. Le vestibule dans son pavement noir paraissait un immense damier de jeu de dames dont on aurait volĂ© les pions. Il y avait des vases, des guĂ©risons prĂ©cieux, des consoles dorĂ©es. Un grand miroir renvoyait Ă lui-mĂȘme le visiteur, et je me dĂ©couvris plus gros, plus vieux et plus laid que je ne m’Ă©tais figurĂ©, apercevant face Ă moi une image dĂ©formĂ©e de mon pĂšre, comme une rĂ©surrection grotesque.’‘ Philippe Claudel (Les Ăąmes grises)
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Beau dessin de ce chĂąteau triste!
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