»-. La Terre de đ„ ! Que de lumiĂšre, que d’ombres et que de longs crĂ©puscules ! Or, la Terre de đ„ m’a déçu. J’allais au Sud, croyant logiquement y trouver la chaleur. Et c’est ainsi qu’Ă l’encontre de ce que j’espĂ©rais, mon voyage se transforma, pas Ă pas, en exploration dans une banlieue dĂ©sertique et sans fin. Un autre que moi se serait dĂ©couragĂ©, mais j’Ă©tais jeune. TrĂšs jeune. Et cela explique tout.

Ma bicyclette ne rĂ©sista pas aux Ă©preuves des pistes chaotiques, ses pneus tombĂšrent en lambeaux, ses roues se dĂ©formĂšrent et, de rondes qu’elles Ă©taient au dĂ©part, elles furent bientĂŽt carrĂ©es et, de ce fait, ne purent plus rouler. Je dus l’abandonner. Je l’enterrai comme on enterre une morte chĂ©rie et, aprĂšs avoir dĂ©posĂ© sur sa tombe un gros chardon, mort lui aussi, et mon dernier pot de confiture d’abricot, je m’Ă©loignais en pleurant. Mes larmes gelĂšrent sur mon visage et ces petits glaçons salĂ©s, que je dĂ©tachais de mes joues et de mon menton, me permirent d’assaisonner les Ćufs de đ que je pris, quelque temps, pour toute nourriture. Les rigueurs du climat m’obligĂšrent Ă me couvrir de fourrures, de plus en plus Ă©paisses que je suis plus frileux. Ces achats me ruinĂšrent, vaincu par les circonstances, je pris, Ă contrecoeur, le chemin du retour. En Ă©vitant, comme vous l’imaginez, de repasser devant la tombe de ma bicyclette. » Louise de Vilmorin (La lettre dans le taxi)
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Triste ou pittoresque histoire,, un tableau original.
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đđđč
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Superbe le tableau on dirait de l’azteque đâ€ïž
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