»-. Le đ que tu as aimĂ© ne sortait d’aucune lignĂ©e et on aurait en vain cherchĂ© sa race. Il Ă©tait nĂ© une đ d’hiver dans le trou d’une meule de paille, de mĂšre mĂ©prisĂ©e et de pĂšre inconnu. Tu lui avais fait une niche de tes paumes, tes pouces le caressaient aux deux oreilles, tu avais regardĂ© ce petit ventre chauve et rose car tu pensais dĂ©jĂ Ă lui donner un nom pour lĂ©gitimer sa vie et le dĂ©fendre. Le pĂšre t’avait grondĂ©, la mĂšre avait ajoutĂ© -on n’avait pas besoin de ça-, puis tous les deux s’Ă©taient approchĂ©s, avaient secouĂ© la tĂȘte, souri. Le Journal publiait un Ă©trange feuilleton dont le hĂ©ros s’appelait Zigomar. -. Je te baptise Zigomar. -. Ce n’est pas trĂšs beau-. Le temps, la commoditĂ©, ta tendresse en firent Zigote.

Zigote grandit. Remplaça le frĂšre que j’avais perdu. On ne nous voyait jamais l’un sans l’autre. Les jeudis et les dimanches Ă©taient nos fĂȘtes. Le marais s’offrait si vaste que nous ne connaissions guĂšre de limites Ă nos dĂ©bordements. Nous rentrions, fourbus, traĂźnant pied ou patte, riches de notre complicitĂ© secrĂšte. Le lendemain, Zigote comprenait que la classe Ă©tait mon obligation. Il m’accompagnait en haut du chemin, revenait en rendant quelques visites et, le soir, remontait m’attendre, prĂ©fĂ©rant repartir trop tĂŽt que me manquer. Je ne souffrais que la đ. Je lui avais obtenu le privilĂšge de la grange. Il dormait bien au chaud sur son foin. Nous faisions peut-ĂȘtre les mĂȘmes rĂȘves. » Gabriel Delaunay ( Nul ne sait le jour)
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Une belle histoire d’amitiĂ© avec un chien, joli portrait de chien, avec des couleurs originales !
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