»-. Heurtebise s’Ă©tait avancĂ© en milieu de clairiĂšre, il avait posĂ© le chevreuil Ă ses pieds. Son visage avait basculĂ© vers le ciel, et de ses â en entonnoir autour de sa bouche, montait un son modulĂ©, tout Ă la fois rauque et sourd, qui s’enflait Ă l’aigu sans augmenter de force, repartait en notes graves que l’on croyait ne plus entendre tant elles roulaient profond, se haussait de nouveau sans paraĂźtre rompre le silence. Une bĂȘte hurlait avec douceur dans la clairiĂšre, et c’Ă©tait le vieux Heurtebise, et son faible cri emplissait la tĂȘte inexorablement.

La scĂšne Ă©tait Ă ce point irrĂ©elle que Marie n’avait ressenti ni frayeur ni surprise lorsqu’un premier đș avait surgi et s’Ă©tait assis comme un đ devant l’homme qui appelait, appelait toujours…. Pendant que les bĂȘtes arrivaient de partout, la frĂŽlaient parfois en passant, sans lui porter plus attention que si elle s’Ă©tait soudain changĂ©e en đČ, elle avait pensĂ© aux histoires contĂ©es Ă voix basse et vaguement saisies, aussitĂŽt rejetĂ©es dans le noir des lĂ©gendes, avec le cortĂšge des sorciĂšres et des cadets, des galipotes et des garous. Aujourd’hui, un meneur de đș, Ă vingt pas d’elle, se roulait entre les pattes d’une louve grise qui lui mordillait le cou. Et une meute de vingt bĂȘtes gambadaient sous ses yeux, autour d’un vieil homme et d’un chevreuil mort. » Michelle ClĂ©ment-Mainard (La foire aux mules)
Une Ă©tonnante histoire de la rencontre d’un homme et des loups, un portrait de loup original ! Bien colorĂ©.
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