La passagère du train de Paris

 »-. La voie ferrée fut coupée, les passagers du train de Paris durent interrompre leur voyage. Hortense Ruiz descendit du wagon, grosse à pleine ceinture. Quelques heures plus tard, elle fut prise des premières douleurs et accoucha d’une petite fille à l’hospice des Ursulines , sur les hauteurs de la ville. Trois jours après, elle eut un violent accès de fièvre. Elle fit son testament, légua aux Ursulines les titres et les bijoux qu’elle avait cachés au fond de ses bagages, à charge pour les religieuses de veiller à l’éducation de son enfant, et de lui remettre le reste de ses biens à sa majorité. Hortense Ruiz mourut quelques jours plus tard, comme elle était venue, silencieuse et pressée.

Le testament fut authentifié par Maître Chicheray, brillant représentant d’une longue dynastie de notaires, aussi madrés que soupçonneux. L’anecdote ne le troubla pas outre mesure. Il n’était pas rare que des inconnues, riches ou pauvres, sollicitent l’hospitalité des religieuses pour mettre au monde, au couvent, les enfants du secret. Quand on avait à la fois la fortune et de la religion, ce qui à vrai dire n’était pas si fréquent, on y venait aussi mourir en paix, loin des regards ambigus d’héritiers impatients. Alphonse Chicheray fut beaucoup plus surpris par la nature de l’héritage. La mallette d’Hortense Ruiz ne contenait que des valeurs mobilières, des titres au porteur, des pierres précieuses non montées. » Irène Frain (Secret de famille)

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