»-. Il y avait bien longtemps que Monsieur de Couesnon ne s’Ă©tait pas rĂ©veillĂ© d’humeur aussi gaie. Il prit plaisir Ă s’attarder au lit pour entendre des bruits familiers monter jusqu’Ă sa chambre. Et il se surprit Ă rĂ©pĂ©ter tout haut des mots innocents, qui, prĂ©cĂ©dĂ©s d’un possessif, mon lit, ma chambre, ma đĄ, prenaient un tour dĂ©lectable depuis que la veuve Carbec l’avait dĂ©livrĂ© de tous ses soucis financiers. Il n’aurait pas pu dire ma femme, ce vocable ne lui venant jamais Ă l’esprit, mais il se plaisait Ă rĂ©pĂ©ter Madame la comtesse de Morzic, en y ajoutant un sourire farceur destinĂ© aux dames de Saint-Malo et au cadavre de Monsieur son frĂšre.

Monsieur de Couesnon, comte de Morzic, revĂȘtit un bel habit brodĂ© d’or qu’il n’avait jamais portĂ© depuis la mort de son fils, quitta sa chambre vers la fin de la matinĂ©e et entra dans la grande salle de la CouasniĂšre oĂč la table avait Ă©tĂ© dressĂ©e. Il aperçut, Ă chaque extrĂ©mitĂ© de la piĂšce, deux grands escogriffes costumĂ©s en laquais, qui Ă©taient ses valets de ferme. Il fronça les sourcils et se contint Ă grand peine de les renvoyer aux Ă©tables, parce que Clacla aurait eu trop de peine. Elle s’Ă©tait si bien conduite avec lui, la veille de leur đ, en annulant la dette de son dĂ©biteur. Pouvait-on imaginer plus noble façon de faire connaĂźtre Ă son fiancĂ© qu’il demeurait toujours propriĂ©taire de son domaine ? Et lui dire par la mĂȘme occasion que la comtesse de Morzic n’achetait pas son titre avec cinquante mille livres ? » Bernard Simiot (Ces messieurs de Saint-Malo)
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Un homme heureux ! Joli portrait.
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