À la Mort-Boeuf

 »-. La Mort-Boeuf, l’unique taverne de Talmont, était un simple hangar de planches, situé au lieu-dit Le Groing, face au grand rocher et au fleuve. Construit en dehors de l’enceinte du bourg, il fallait pour s’y rendre passer par une étroite poterne et affronter les bourrasques et les embruns qui fouettaient la falaise. Chaque tempête d’équinoxe détruisait le bouge, et, chaque fois, il réapparaissait au même endroit, comme le chancre d’une maladie honteuse. Pêcheurs de Talmont ou du Caillaud, paysans et hommes d’armes venaient s’y soûler de cervoise tiède, ou s’emplir la panse d’épaisses tranches de mauvaise viande grasse et rose.

Les lieux sentaient la crasse, l’urine et les graillons. On y entrait par une porte si basse qu’il fallait se courber, et une fois dans l’unique salle sans fenêtre, il faisait si sombre qu’on n’y distinguait guère que le halo fumeux des lampes à huile de 🐋 et les silhouettes noires des buveurs attablés près des braseros. Malgré la pénombre, tel un 🐦 de 🌃, maître Gildas, le tenancier, veillait à tout, ne laissant jamais longtemps vides les gobelets ou bols, faisant ses affaires tout en mettant de l’ordre dans les échauffourées. Car, disait-il, il ne voulait pas perdre ses clients et les envoyer au cimetière avant l’heure. » Viviane Moore (Jaune sable)

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