Le plus court chemin pour aller à…

 »-. Comment compte se rendre Votre Excellence dans notre beau pays si attachant, mais si complexe ? En avion, certes, mais quel jour ? Et par quelle ligne ? -. Pas en avion, vous me voyez dans un siège d’avion avec mon tour de taille ? D’ailleurs, il n’y a pas de ligne directe, et je déteste les changements. -. Par la route, donc. Nous pouvons, à titre exceptionnel, ouvrir la frontière avec la Grèce, ou celle avec la Yougoslavie-. Pas par la route. Le duc de Brissac disait du 🐎 que c’était un moyen de transport dangereux par les deux bouts et inconfortable par le milieu. La voiture automobile est pire. La voie droite est avec elle aussi périlleuse que les virages. Consultez, mon cher, les statistiques d’accidents.

-. Alors, le train ? Mais la ligne a été coupée il y a quarante ans, et...-. Pas le train, le ⛵. -. Le ⛵ ? Mais il n’y a que quelques cargos minéraliers bulgares pour relâcher à notre port ! -. Sur mon ⛵. Enfin, on me le prête. Propriétaire monégasque, équipage turc, immatriculation aux Bermudes.-. Mais quand, où, quel jour, quel port ? -. C’est un voilier, cher ami, une goélette. À la voile, on ne fait pas ce qu’on veut... –. Il vous faut donc un pavillon albanais de courtoisie pour pénétrer dans les eaux territoriales. On ne pénètre pas dans les eaux territoriales sans envoyer à la corne tribord le drapeau du pays de ces eaux. Vous n’en avez pas ?- » Jean-François Deniau (L’île Madame)