»-. On a seize ans, et Rimbaud est le Dieu et le mauvais élève. On lui jure de ne jamais le trahir. C’était fort bien, aux saisons de mon adolescence, l’enseignement secondaire. Professeurs et manuels de littérature freinaient devant les récifs Baudelaire et Rimbaud. Ils avaient peur de ne plus maîtriser les ⛵ fous que nous étions. Que de vents à dompter et qui s’engouffraient dans nos voiles ! Ils craignaient avec raison que la tempête Baudelaire ou l’ouragan Rimbaud ne les déchirât, et coupables ils auraient été d’avoir rendu nos ⛵ ivres.

Tout juste consentaient-ils à faire voguer sur le brave océan Victor Hugo, dont une dernière lame nous déposait, scolairement sains et saufs, sur les plages du baccalauréat. C’était bien. La recette était excellente car elle nous faisait découvrir, seuls, des terres inconnues et, puisque nos professeurs ne nous y avaient pas conduits en exploration, mystérieusement interdites. Excellente recette, puisque c’est à elle que l’on doit les conquérants, les aventuriers et les poètes. Je crois que, de nos jours, cela s’appelle les interdits, et qu’ils sont balayés. Certes, qui s’étonnera, après ça, que s’éteigne la race aventureuse, et que les poètes maudits soient devenus des professeurs républicainement salariés ? » Jean Cau (Croquis de mémoire)
😊⛵️
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Des interdits qui n’existent plus, mais lit-on encore Rimbaud dans les écoles de nos jours ? Joli bateau sur ce tableau.
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