»-. Un édit, du dix-huitième siècle si je me souviens bien, ordonna aux dames de Venise de supprimer leurs traînes qui avaient pris des dimensions d’une longueur par trop somptuaire. Que firent les dames ? Avec des ciseaux cruels, comme un paon trancherait sa queue, s’amputèrent-elles ? Non point. Elles ramassèrent à pleines ✋ les traînes. Et les brassèrent, en lourds plis magnifiques, autour de leur taille. L’édit était respecté, et l’élégance, toujours elle, sauve.

Je vois là une leçon de beauté infligée, par ruse, à la morale. Trop grandes, les fenêtres des palais ? Et bien, on les fera s’élancer et, pour parfaire leur grâce, on les divisera par une mince colonnette. Il n’est pas séant de peindre des créatures alourdies de trop de bijoux ? Qu’à cela ne tienne, on chantera à coups de pinceau l’allégorie du Veau d’Or. A Madonna dell’ Otto, voyez-le, ce veau, paré de couronnes et de colliers comme une princesse. Telle une couleuvre aux écailles étincelantes au ☀️ se glissant entre les pierres, telle Venise se coulant entre les décrets de l’Inquisition. Elegance et souplesse. En italien, ce mot sublime morbidezza. » Jean Cau ( Croquis de mémoire)
😊🐾
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Incitation à la modestie ? Jolie représentation du Grand Canal.
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