»-. On s’arrange toujours avec son âme. Celle des autres, il faut s’en méfier-. Des jeunes filles qui étaient sur le point de se marier se dérobèrent à leurs engagements, les fresques du peintre leur ayant révélé le caractère insupportable de leur fiancé. Des maris soupçonnèrent leurs femmes, des femmes se brouillèrent avec leur mari au sortir d’une visite chez le peintre. Un vent de querelles et d’explications s’abattit sur le village. Les familles les plus unies se disloquèrent. Chaque matin, Oscar trouvait dans son courrier des lettres d’injures et de menaces.
Souvent, il passait des heures dans son atelier à contempler tristement les fresques dont il avait orné les murs de la salle. Sur une hauteur de deux étages, une foule immense et hideuse l’entourait. Cela grouillait sur place d’une île immobile, abondante et horrible. Cela regardait, cela souriait, cela pleurait, cela criait en silence. On eût dit une vision de cauchemar attardée dans la lumière du jour, un vomissement forcené de l’enfer. Et, au-dessus de chaque portrait, une brève formule en attestait l’atroce ressemblance. -. L’âme de la mère Dantesque… L’âme du père Cocos… L’âme de Mademoiselle Juliette Peloux…- » Henri Troyat (Les ailes du 😈)

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Beau tableau, un peu mystérieux !
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