»-. Dans les đ· que j’ai lus depuis, les auteurs disent que la foule grouille. Sur le quai, ça ne grouillait pas. Il n’y aurait pas eu la place. Un peuple dense, tendu, les quais pleins Ă ras bords. D’oĂč venaient-ils, tous ces gens ? De tous les coins du dĂ©partement, peut-ĂȘtre d’ailleurs. Ils avaient dĂ» se planquer, eux-aussi, et ils remontaient Ă prĂ©sent vers la capitale avec des ballots, des cageots. Il ne devait rien y avoir Ă bouffer Ă Paris, il y avait des sacs de farine, des paniers remplis de bidoche, des đ liĂ©es par les pattes, tout un exode Ă l’envers.

-. On ne montera jamais tous-. Je me retourne. C’est la dame derriĂšre qui a parlĂ©, son menton tremblote, il y a deux poils longs sur les bajoues qui tremblotent un peu. Elle respire fort, elle a un sac sous le bras et une valise cerclĂ©e de ficelle qui craque comme une pomme au four, un vrai dĂ©sastre en puissance. –. Laissez passer, bon Dieu !-. Sur la pointe des pieds, j’arrive Ă voir le chef de gare qui escalade des đ» de ballots, un travail d’alpiniste. Il y a des remous, ceux qui sont au bord du quai arquent les reins pour ne pas descendre sur la voie. J’entends parler autour de moi, il y a du retard, une heure dĂ©jĂ , et ce n’est pas tout, beaucoup de lignes de chemin de fer ne sont pas rĂ©parĂ©es encore. L’essentiel, c’est d’approcher d’abord, et j’ai un avantage sur tous ces gens, c’est que je suis plus petit. –. Ouaie !-. J’Ă©crase un pied… » Joseph Joffo (Un sac de billes)
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Jolie petite gare de campagne, sans doute plus tranquille que les gares parisiennes !
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