»-. Elles Ă©taient six jeunes filles, qui occupaient un compartiment, des Ă©tudiantes de Leningrad revenant d’un stage. Elles avaient, sur leur tablette, du beurre et un tas de petites conneries, leurs impermĂ©ables se balançaient aux crochets. Elles passaient Ă cĂŽtĂ© de la vie, pour elles c’Ă©tait le đ„ vert… On a parlĂ©. On a plaisantĂ©, on a bu le thĂ© ensemble. –. Et vous, vous ĂȘtes de quel wagon ?-. J’ai poussĂ© un soupir, j’y suis allĂ© de mes confidences. -. Moi, fillettes, le wagon dont je viens… je vais vous dire que vous, vous avez Ă vivre, et moi j’ai Ă mourir-.

Elles ont fait des Oh ! Et des Ah ! Elles ont discutĂ© entre elles. En fin de compte, elles m’ont cachĂ© sous leurs impermĂ©ables tout en haut, sur l’Ă©tagĂšre Ă bagages. Elles m’ont planquĂ© jusqu’Ă ma destination… Soit dit en passant, j’ai payĂ© ma dette plus tard Ă une de ces filles, elle faisait partie de la rĂ©pression sommaire sur l’assassinat de Kirov, en 1935, au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral elle Ă©tait sur le point de claquer, je l’ai casĂ©e Ă l’atelier de couture… Je suis rentrĂ© Ă la đĄ la đ, par les jardins, et j’en suis reparti pareil. J’ai pris avec moi mon petit frĂšre, et je l’ai emmenĂ©. » Alexandre Soljenitsyne (Une journĂ©e d’Ivan Denissovitch)
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Sombre histoire beau tableau
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Ah. Soljnytisine… J’ai adorĂ©. Mais la journĂ©e d’Ivan denissovitch manque Ă mon « palmarĂšs ». Il me semble pourtant que je l’avais quelque part. merci pour ce rappel.
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