»-. Je porte le même nom que mon arrière-grand-mère, et je suis son portrait. Je crois que ça lui plairait, ne pensez-vous pas ?–. La chambre de ma mère… Elle coucherait là, dans ce vieux lit de cuir peint, avec ce vieux mobilier…-. Nicolas et Ernest se regardèrent. Pour eux, la chambre était un sanctuaire, pourtant la vieille divinité avait été plutôt sardonique. Il y avait près de vingt ans que leur mère était morte. L’air n’était plus respirable dans cette pièce. Depuis qu’elle n’était plus animée par la présence de la vieille Adeline, elle était vouée à l’abandon. Elle portait le deuil à l’écart de la vie de la famille.

Mais, avec cette enfant bien-aimée, la continuité serait établie, le fleuve de la vie reprendrait son cours. Lorsque Adeline, dans la fraîcheur de sa jeunesse, s’étendrait sur le lit peint, ce serait comme si l’on posait une rose rouge sur un autel négligé. Négligé ? Oui, négligé parce que, avec le poids des ans, le chemin à parcourir pour venir de leurs chambres, la longueur de l’hiver, les inquiétudes que leur causaient leurs neveux au front, ils n’étaient pas entrés dans la chambre de leur mère aussi souvent qu’ils l’auraient dû. L’atmosphère de la pièce respirait la tristesse. Les tentures fanées, la silhouette empaillée du perroquet sur son perchoir avec son œil de verre en apparence fixé sur son reflet dans le miroir terni, tout cela était fort mélancolique. Mais, si la petite Adeline s’installait dans la chambre, tout deviendrait différent ! » Mazo de la Roche (Retour à Jalna)
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😊🐾
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Un texte qui me rappelle de bons souvenirs de lecture ! Jolie chambre rose.
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