L’amour en soupente

 »-. À Divine, il dit. -. Faîtes excuses !-. Dans son vin, Mignon ne remarque pas l’étrangeté de ce passant d’une gentillesse agressive. Une conversation badine et dangereuse suivit et puis tout se passa comme il fallait le souhaiter. Divine emmena Mignon chez elle, rue Caulaincourt. C’est ce grenier où elle est morte, d’où l’on voit sous soi, telle la mer au veilleur de la grand hune, un cimetière, des tombes. Des cyprès qui chantent. Des 👻 qui somnolent. Chaque matin, Divine par la fenêtre secouera son torchon et dira adieu aux 👻. Donc, avec Mignon, elle monta.

Puis, dans le grenier, la porte fermée, elle le dévêtit. Le pantalon, la veste, la chemise ôtés, il apparut blanc et effondré comme une avalanche. Vers le soir, il se retrouvèrent emmêlés dans les draps moites et fripés. Il riait jaune et regardait le grenier. C’est une chambre en soupente. Sur le plancher, Divine a mis des tapis râpés, et au mur cloué les assassins des murs de ma cellule. Et ces extraordinaires photographies de beaux gosses qu’elle a dérobées à la devanture des photographes, et qui portent tous les signes de la puissance des ténèbres. -. L’étalage, quoi !-. Sans prévoir au juste ce que l’aventure donnerait, et plutôt volontairement, un peu comme l’ 🐦, dit-on, va dans la gueule du 🐍, fascinée, elle dit. -. Reste-. Et, en hésitant, -. Si tu veux-. » Jean Genet (Notre-Dame-des-Fleurs)

2 réflexions sur “L’amour en soupente

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s