»-. Tenez-vous courbé. Tenez-vous donc courbé, je vous dis !-. Ah ! Quel coup ! Je ne me suis pas courbé à temps, mon crâne a cogné sur le plafond, ça a fait clac comme si on cassait un œuf. Le propriétaire, instinctivement et doucement, me frotte la place. –. La hauteur… Je sais qu’il faut se courber, vous le savez maintenant, mais c’est de la longueur qu’il s’agit… Voulez-vous vous mettre dans le coin de l’escalier ? Nous avons plus court de mesurer, ôtez votre chapeau ! Je le disais bien, vous avez encore deux pouces de marge-.

Deux pouces de large, mais c’est énorme, avec deux pouces de large je serai comme un sybarite. Il ne faudra pas laisser pousser mes ongles, par exemple. J’ai tant trotté, traîné, j’ai été si mal reçu, si mal jugé, depuis que je cherche des logements, que j’ai hâte d’en finir. Puisque j’ai deux pouces de marge, c’est tout ce qu’il m’en faut. Je me gratte la tête pour réfléchir, aussi parce qu’elle me fait encore mal, et je me décide. -. Vous dites neuf francs ? Mettons huit francs. -. Huit francs cinquante, c’est mon dernier mot. -. Tenez, voilà vingt sous d’acompte, je vais chercher ma malle–. » Jules Vallès (Le Bachelier)
😊🐾
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Un tableau original.
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