»-. Le jour oĂč Esteban Trueba sollicita d’ĂȘtre reçu, Severo et Nueva ne furent pas le moins du monde Ă©tonnĂ©s quand le visiteur leur demanda s’ils avaient quelque fille en Ăąge et en Ă©tat de convoler. Ils firent leurs comptes, et lui annoncĂšrent qu’Anna avait pris le voile, Theresa Ă©tait gravement malade, et toutes les autres s’Ă©taient mariĂ©es, hormis Clara, la plus jeune, qui Ă©tait encore disponible. Mais c’Ă©tait un ĂȘtre un tantinet extravagant, peu apte aux responsabilitĂ©s matrimoniales et Ă la vie domestique. En toute honnĂȘtetĂ©, ils lui narrĂšrent les excentricitĂ©s de leur fille cadette, se gardant d’omettre qu’elle Ă©tait restĂ©e sans profĂ©rer un mot pendant la moitiĂ© de son existence, non par suite de quelque empĂȘchement, mais parce que il lui en avait pris la fantaisie.
Mais Esteban Trueba n’Ă©tait pas homme Ă se laisser effaroucher par des histoires de revenants dĂ©ambulant dans des vestibules, d’objets mus Ă distance par la seule force de l’esprit, de mauvais prĂ©sages, encore moins par ce silence qu’il considĂ©rait plutĂŽt comme une vertu. Il dĂ©clara que rien de tout cela ne constituait une contre-indication pour mettre au monde des enfants lĂ©gitimes et en bonne santĂ©, et demanda Ă ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă Clara. Nivea s’en fut chercher sa fille, et Trueba, aussi direct qu’Ă l’habitude, exposa de but en blanc son rĂ©pondant Ă©conomique. -. Pas si vite, Esteban, je vous en prie ! Voyez d’abord ma fille, faites mieux sa connaissance. Et il nous faudra aussi tenir compte des dĂ©sirs de Clara, vous ne pensez pas ?-‘‘ Isabel Allende (La đĄ des esprits)

đđ
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Une demande un peu expéditive ! Jolies couleurs sur ce tableau.
JâaimeAimĂ© par 1 personne