La meilleure façon de marcher

 »-. Il n’y a pas de plus grand plaisir que la marche-. À cet instant, il éprouvait à marcher plus de plaisir qu’à jouer du 🎹. Même quand il était le plus en forme, il avait, devant l’instrument, l’esprit toujours en éveil, toujours prêt à corriger la moindre hésitation de ses doigts, conscient de l’auditoire, et tremblant de colère si tout n’était pas à son gré dans la salle. Même quand il jouait seul, son esprit exalté, fougueux, projetait son ombre sur le clavier. Mais, quand il marchait à travers les bois dénudés par l’hiver, son esprit était absent. Il se manifestait à peine pour diriger ses jambes. Son sang parcourait chaudement son corps, il sentait ses yeux frais et reposés, il dilatait ses narines pour aspirer l’air glacé.

Il avait fait plus de sept kilomètres d’un bon pas sur la route et maintenant, à son retour par les bois de Jalna, les pins, les chênes et les sveltes bouleaux l’attendaient comme des amis. Il aurait volontiers passé le reste de sa vie parmi eux. Il était las des gens, de leurs yeux curieux, de leurs bouches qui répétaient indéfiniment la même chose. Presque sans se rendre compte de la direction qu’il prenait, il dépassa la 🏡, s’engagea dans le ravin et remonta l’autre pente, un peu essoufflé, car elle était abrupte, vers la ferme aux 🦊. Par cette journée calme et sans ☀️, sous ce ciel lourd d’une neige qui épaississait encore le lourd silence des bois, la petite 🏡 avait l’air de celles d’un conte de fées allemand. » Mazo de la Roche (La fille de Renny)