-. Ça vous connaît, hein ? Vous étiez blanchisseuse, dans votre pays, n’est-ce pas, ma petite ?-. Gervaise, les manches retroussées, montrant ses beaux bras de blonde, jeunes encore, à peine rosés aux coudes, commençait à décrasser son linge. Elle venait d’étaler une chemise sur la planche étroite de la batterie, mangée et blanchie par l’usure de l’eau. Elle la frottait de savon, la retournait, la frottait de l’autre côté.

Avant de répondre, elle empoigna son battoir, se mit à taper, criant ses phrases, les ponctuant à coups rudes et cadencés. -. Oui, oui, blanchisseuse… À dix ans… Il y a douze ans de ça..? Nous allions à la rivière… Ça sentait meilleur qu’ici… Il fallait voir, il y avait un coin sous les 🌲 avec de l’eau claire qui courait… Vous savez, à Plassans. Vous ne connaissez pas Plassans ? Près de Marseille ? -. C’est du chien, ça ! Quelle mâtine, elle vous aplatirait du fer avec ses petits bras, la demoiselle !-. Tout le linge blanc fut battu, et ferme ! Gervaise le replongea dans le baquet, le reprit pièce par pièce pour le frotter de savon une seconde fois et le brosser. D’une ✋, elle fixait la pièce sur la batterie, de l’autre ✋, qui tenait la courte brosse de chiendent, elle tirait du linge une mousse sale qui, par longues bavures, tombait. –L’eau est dure, à Paris-, dit-elle. » Emile Zola (L’Assommoir)
😊😊
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Joli tableau, plein de douceur !
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