»-. Tu m’as apporté 25.000 francs !-. Je ne les avais pas gagnés, c’était l’héritage de la tante Clarisse, de Manosque. Mais comme travail, qu’est-ce que j’ai fait, rien ! À cause de ma maladie...-. Peut-être aussi à cause de ta paresse ? -. Mais dis donc, la paresse, tu ne comprends donc pas que c’est une maladie, et peut-être la plus triste de toutes ?

Regarde les gens qui travaillent. Ils chantent, ils s’interpellent, ils rigolent. Et comme ils boivent leur pastis, le soir ! On dirait qu’ils n’ont travaillé toute la journée que pour donner du goût à ce pastis, et ils le plantent au bout de leur journée, comme les maçons, sur le toit, plantent le bouquet. Tandis qu’un homme qui n’a pas la joie du travail, le goût du labeur, l’orgueil d’être utile, qu’est-ce qu’il fait ? Il va comme moi au bistrot, dès le matin. Écoute-moi bien, Marius, pastis du matin, chagrin. Voilà. Je suis un homme foudroyé par la paresse. Je le reconnais. Mais je n’en suis pas fier-. Mais non, mais non, d’abord, sans tes 25.000 francs, le garage n’existerait pas… Quand une réparation n’est pas prête, je dis -. C’est la faute de mon associé-. Alors, je sers à quelque chose ?-. Parfaitement-. » Marcel Pagnol (César)
Pas facile de faire le portrait de la tristesse, celui-ci est original.
J’aimeJ’aime
Nice post
J’aimeAimé par 1 personne