»-. Cependant les fortes chaleurs étaient venues. Un après-midi de juin, un samedi que l’ouvrage pressait, Gervaise avait elle-même bourré de coke la mécanique, autour de laquelle dix fers chauffaient, dans le ronflement du tuyau. A cette heure, le ☀️ tombait d’aplomb sur la devanture, le trottoir renvoyait une réverbération ardente. Il faisait là une température à crever. On avait laissé ouverte la porte de la rue, mais pas un souffle d’air ne venait. Les pièces qui séchaient en l’air, pendues aux fils de laiton, fumaient, étaient raides comme des copeaux en moins de trois quart d’heure. Depuis un instant, sous cette lourdeur de fournaise, un gros silence régnait, au milieu duquel les fers seuls tapaient sourdement, étouffés par l’épaisse couverture garnie de calicot. -. Ah bien, si nous ne fondons pas, aujourd’hui ! On retirerait sa chemise !–
-. Ah non, mademoiselle Clémence, remettez votre camisole. Vous savez, je n’aime pas les indécences. Pendant que vous y êtes, montrez toute votre boutique. Il y a déjà trois hommes arrêtés en face-. La grande Clémence la traita de vieille bête, entre ses dents. Elle suffoquait, elle pouvait bien se mettre à l’aise, tout le monde n’avait pas une peau d’amadou. D’ailleurs, est-ce qu’on voyait quelque chose ? Et elle levait les bras, sa gorge puissante de belle fille crevait sa chemise, ses épaules faisaient craquer les courtes manches. -. C’est à moi, allez, et ça ne mord pas, ça ne fait bobo à personne-. –. Clémence, remettez votre camisole. Madame Putois a raison, ce n’est pas convenable… On prendrait ma maison pour ce qu’elle n’est pas-. » Emile Zola (L’Assommoir)

Joli tableau, belles couleurs.
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😊🐾
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