Elle se mariera et aura beaucoup d’enfants

 »-. Dis-le moi donc, Irène, ce sera plus simple. Tu vas te marier ?-. Mais je l’aime, Laure !-. Laure n’écoutait plus les explications vaseuses de son amie. Elle réfléchissait. Mais oui, comme c’est naturel ! Elle s’en rendait parfaitement compte. Irène échappait à son influence. Son mariage était une fuite. Elle ne se révoltait pas, elle avait même fait sans doute un effort, elle trouvait sa loi, tout simplement. –. Elles se marieront, et auront beaucoup d’enfants...-. Et c’était là la vérité, la voie naturelle. Cette Irène, si indécise, simplement, retrouvait son chemin.

Et elle ? Elle, Laure ? N’était-ce point parce qu’il y avait en elle quelque chose de monstrueux, d’antinaturel, qu’elle sentait gronder en elle ce tumulte ? Voyons ! Pouvait-elle espérer continuellement, indéfiniment, cette existence-là avec Irène ? Mais c’était ridicule ! Mais Irène n’en valait pas la peine. Et dire qu’elle avait passé des heures à lire avec elle Saint Jean de la Croix et les extraits de la vie de Sainte-Thérèse !-. Ne te moque pas de moi, Laure ! Je t’en prie, c’est parce que j’avais peur de toi que je n’ai pas osé t’en parler plus tôt. Tu es si sévère… tu es si extraordinaire. Tu n’es pas une amie comme les autres-. » Daniel-Rops (Mort, où est ta victoire ?)