»-. Mathilde se souleva sur les coussins de tapisserie auxquels elle s’appuyait, dans sa chaise longue. Depuis son dernier accouchement, elle restait presque toujours étendue. Elle tourna vers son mari un visage crispé, qu’il lui connaissait bien, où les yeux sombres luisaient. Ils se regardèrent un instant en silence, un silence plein de menaces. Jean examinait cette tête ravagée, sur laquelle flottait une indéfinissable expression qui ressemblait à celle de la folie. Les pommettes saillaient, violemment fardées, la peau était tirée autour des yeux et des tempes où la poudre, en s’attachant, soulignait les pattes d’oie. Les lèvres, sèches sous le rouge, se tordaient, prêtes à articuler des mots perfides.

-. Non, tu ne m’as jamais aimée. Tu m’as épousée parce que j’étais riche, parce que mon père pouvait servir à ta carrière. Tu n’étais qu’un pauvre diable, dans ton collège, quand j’ai bien voulu de toi. Et maintenant, tu me nargues, tu ne t’occupes plus de ce que je sens. De ce que je veux. C’est toi le coupable, c’est toi, toi ! Tu as voulu des enfants, des enfants ! Pour être sûr de garder mon 💰, n’est-ce pas ? Des enfants ! Que leur mère crève, tu t’en moques bien, tu t’en moques maintenant que tu as ma fortune, que tu es gendre de sénateur… Et mon imbécile de père qui croit à tes simagrées, qui te pousse, qui va te faire conseiller général !-. Elle se laissa retomber, riant d’un rire terrible, entrecoupé de sanglots sans larmes. » Daniel-Rops (Mort, où est ta victoire)
Triste…et beau…
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Triste vie de couple !
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