La soléa

 »-. La porte refermée, les guitaristes attaquèrent enfin une soléa, une chanson de la solitude et de la peine andalouse. Il faut peut-être à un étranger l’habitude des nuits russes que j’avais pour admettre le miracle qui, dans un établissement de flamenco, suit sans transition la scène la plus vulgaire de cabaret. Il est même des Madrilènes assez fermés à la magie du chanteur flamenco pour taxer de mystification ses attitudes et ses silences d’avant chant.

Le cabinet particulier étant des plus étroits, Ricardo ne bougeait plus, la Comtesse pleurait doucement. Et c’était, dans le ☁️ de fumée de tabac, l’odeur des alcools renversés, le miracle d’une voix pathétique qui chantait la solitude, le désert de la marisma du Guadalquivir, du fleuve nostalgique et triste, charriant comme le Don ses ciels écrasants et ses ☁️. Puis la voix défaillait ainsi qu’un jet d’eau, une lance jaillissante et brisée. Était-ce là l’incantation, la drogue que Ricardo cherchait auprès des musiciens gitans? Je me souviens surtout de la soléa que sembla gémir pour lui le chanteur. -. Tu ne m’auras pas aimé, Et tu me regarderas mourir, Comme le Christ sur son bois de supplice-. » Joseph Peyré (Sang et lumière)

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