»-. La mort de Clara chambarda de fond en comble la vie de la grande đĄ du coin. Les temps changĂšrent. Avec Clara s’en furent les esprits, les invitĂ©s, et cette joie lumineuse qui rĂ©gnait en permanence du fait qu’elle ne croyait pas que le monde fut une vallĂ©e de larmes, mais au contraire une Fourcade du bon Dieu. Si bien qu’il fallait ĂȘtre le dernier des idiots pour le prendre au sĂ©rieux quand Lui-mĂȘme s’en gardait bien. Alba remarqua cette dĂ©gradation dĂšs les premiers jours. Elle assista Ă ses progrĂšs, lents mais inexorables.

Elle s’en aperçut avant tout le monde Ă cause des fleurs qui s’Ă©taient fanĂ©es, imprĂ©gnant l’atmosphĂšre d’une odeur douceĂątre et nausĂ©abonde, dans les vases elles restĂšrent jusqu’Ă se recroqueviller, s’effeuiller, tomber en miettes, ne laissant subsister que quelques tiges sĂšches que nul ne songea Ă retirer avant longtemps. Puis ce fut le tour des plantes de mourir, personne ne s’Ă©tant souciĂ© de les arroser et de leur parler comme le faisait Clara. Les đ s’en furent subrepticement, comme ils avaient rappliquĂ© ou Ă©taient venus au monde dans les dĂ©dales des soupentes. Esteban Trueba se vĂȘtit de noir, et passa en une seule đ de sa robuste maturitĂ© de mĂąle Ă un dĂ©but de sĂ©nilitĂ© bredouillante et rabougrie, qui n’eut cependant pas la vertu d’apaiser ses courroux. » Isabel Allende (La đĄ des esprits)
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Joile maison !
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