»-. Je la regarde, et je vois bien qu’elle voit dans sa tĂȘte, plus loin que plus loin, des pays pas comme celui d’ici, avec des đ° de fer couverts de toits de cuivres et habitĂ©s par des đ€Ž d’argent ou des rois d’or. Je l’Ă©coute, et j’entends qu’elle est pleine de musique Ă bercer. Et je lui fis de bon â€ïž des mercis qui courent jusqu’Ă elle Ă la faire rire Ă son tour avec moi, sans que personne s’en aperçoive. La Malvina est plus belle que la Sainte Vierge aux flammes des cierges dans son Ă©glise. Ses cheveux lui protĂšgent le corps mieux qu’une chapelle de pierres. Elle ne porte pas de bĂ©bĂ© dans ses bras, mais ses bras libres me portent, moi que personne ne porte comme il faudrait porter.

Et, si je n’avais pas la Malvina Ă me rire, qui me rirait autrement qu’avec blĂ©s rires que les autres ont pour se moquer en me regardant »bader aux corneilles de brouillard », comme ils disent ? La preuve qu’ils ne savent rien de la Malvina c’est que, lorsqu’elle crie-chante chaque midi, ils sont pris par la peur des choses qu’on ne comprend pas. Et elle ne leur dira jamais que c’est le parler de mĂ©tal de ces pays oĂč les personnages ne peuvent pas mourir et qu’elle frĂ©quente secrĂštement, en invitĂ©e de plomb. Elle chante des histoires qui me font trembler de plaisir, des histoires oĂč il y a bien plus d’histoires que dans tous les livres de l’Ă©cole communale. Les autres disent qu’elle hurle. Nous, on entend des musiques d’argent caressĂ©es qui nous mettent des larmes plein notre visage. Ah, je voudrais bien me une fois, aller plus loin avec elle dans ses voyages enchantĂ©s qui lui vont et lui viennent n’en la balançant. » Claude Seignolle (Histoires vĂ©nĂ©neuses)
Belles couleurs sur ce tableau
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