»-. Détachée de la montagne, une barre dure tend vers la plaine ses collines de pierres nues. La ville s’abrite à ses pieds et le faubourg escalade, de 🏡 en grappes, sa pente la plus rude. Mais, de l’autre côté, descend un grand parc qu’on dirait abandonné. L’hiver souffle un vent de glace qui coule du Nord avec le soir. Dans le silence, une maigre cloche sonne, longuement, monotone, puis se tait, après un dernier soubresaut tremblant. Voici la 🌃. De grands murs nus bordent la route. Nul ne passe. Un sifflement répond à chaque bouffée de vent. Un cyprès noir, dans le jardin bien clos, hoche la tête, obstiné.

Les grands couloirs sont froids. les ombres brunes glissent sur leurs sandales de chanvre, rasant les murailles. Une porte de cellule se ferme sans bruit. Une odeur d’encens froid et de laine lavée flotte dans l’air. On dirait que la communauté toute entière, à l’abri de la lourde porte armée de fer et de la haute enceinte sommée de verres en éclats, repose déjà, attendant le réveil glacé de la 🌃. Mais, dans chacune des cellules, le silence n’est pas le repos. À même le sol, à genoux, lasses et cependant fortes, sous le grand scapulaire brun, les carmélites prient encore. Une croix de bois sans Christ et un bénitier, à terre une cruche d’eau, dans un coin les deux tréteaux et les draps de laine de la couche, des murs de chaux. Demain et dans un an, dans dix ans et dans trente, s’il plaît à Dieu, déjà accédées à l’éternité de l’amour surhumain, le soir les retrouvera semblables. À l’heure où les foules harassées, dans les grandes villes, piétinent aux bouches de métro, coulent sur les pavés gras, se nouent, se mêlent, voici la solitude et le recueillement.’‘ Daniel-Rops (Mort, où est ta victoire)
Belles couleurs sur ce tableau.
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