Le vagabond venu du Sud

 »-. La chapelle, alors, sentait la cire et l’encens, ces haleines jumelles du respect. Il ne lui aurait pas fallu ce vagabond venu du Sud tant il était basané de peau et noir de chevelure, qui, passant par le pays, vers 1903 ou 1904, s’y installa comme dans son droit, bouclant sur lui la porte de chêne cloutée de ❤️ forgés. Quelle était donc la puissance de cet étranger qui réussit à repousser les exhortations de tous les curés du canton ? Mais l’attirail de l’exorcisme s’emoussait contre la porte close et, là-dedans, l’homme ne voulait pas sortir. Au contraire, il fallait entendre son rire, sacrilégiaque à cloquer la peau d’ivoire du Christ menaçant qu’on lui tendait en fulgurantes apparitions par une lucarne latérale.

90x30cm « Vagabondages« , galerie Chemins de spiritualité

Durant plusieurs décours de 🌙, il fit là, sans jamais sortir, son 🔥, sa mangeaille et ses besoins. En un mot, sa vie. Et à quelle alchimie païenne, à quelle image impie se livra-t-il, qu’il transformait en plaintes comme d’un 🐺, tour à tour féroce ou gémissant sa défaite ? Une bataille se livrait, toujours recommencée, que personne ne put voir. Et aucune parole latine ne parvint à faire taire l’atroce colique de malédiction qui y grouillait. Enfin, à une nouvelle aube, les gens de Dieu montèrent à la chapelle polluée… Toujours est-il que l’individu n’était plus là. Il avait quitté la chapelle, laissant à d’autres cette coquine vide de lui, telle celle d’un bernard-l’ermite. » Claude Seignolle (Histoires vénéneuses)

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