»-. Et c’est vrai que depuis quelques mois il n’Ă©tait question Ă l’OpĂ©ra que de ce đ» en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bĂątiment, qui n’adressait la parole Ă personne, Ă qui personne n’osait parler, et qui s’evanouissait, du reste, aussitĂŽt qu’on l’avait vu, sans qu’on pĂ»t savoir par oĂč ni comment. Il ne faisait pas de bruit en marchant, ainsi qu’il sied Ă un vrai đ».

On avait commencĂ© par en rire et par se moquer de ce revenant habillĂ© comme un homme du monde ou comme un croque-mort, mais la lĂ©gende du đ» avait bientĂŽt pris des proportions colossales dans le corps de ballet. Toutes prĂ©tendaient avoir rencontrĂ© plus ou moins cet ĂȘtre extra naturel, et avoir Ă©tĂ© victimes de ses malĂ©fices. Et celles qui en riaient le plus fort n’Ă©taient point les plus rassurĂ©es. Avait-on Ă dĂ©plorer un accident, une camarade avait-elle fait une niche Ă l’une de ces demoiselles du corps de ballet, une houppette Ă poudre de riz Ă©tait-elle perdue ? Tout Ă©tait de la faute du đ», du đ» de l’OpĂ©ra ! Au fond, qui l’avait vu ? On peut rencontrer tant d’habits noirs Ă l’OpĂ©ra qui ne sont pas des fantĂŽmes. Mais celui-lĂ avait une spĂ©cialitĂ© que n’ont point tous les habits noirs. Il habillait un squelette. Du moins, ces demoiselles le disaient. Et il avait, naturellement, une tĂȘte de mort. » Gaston Leroux (Le đ» de l’OpĂ©ra)
Nice post
JâaimeAimĂ© par 1 personne