»-. Monsieur Waloumba est un Noir du Cameroun qui Ă©tait venu en France pour la balayer. Il avait laissĂ© toutes ses femmes et ses enfants dans son pays pour des raisons Ă©conomiques. Il avait un talent olympique pour avaler le đ„ et il consacrait ses heures supplĂ©mentaires Ă cette tĂąche. Il Ă©tait mal vu par la police parce qu’il sollicitait des attroupements, mais il avait un permis d’avaler le đ„ qui Ă©tait irrĂ©prochable. Lorsque je voyais que Madame Rosa commençait Ă avoir l’oeil vide, la bouche ouverte, qu’elle restait lĂ Ă baver dans l’autre monde, je courais vite chercher Monsieur Waloumba, qui partageait un domicile lĂ©gal avec huit autres personnes de sa tribu dans une chambre qui leur Ă©tait concĂ©dĂ©e au cinquiĂšme Ă©tage.

S’il Ă©tait lĂ , il montait tout de suite avec sa torche allumĂ©e et se mettait Ă cracher le đ„ devant Madame Rosa. Ce n’Ă©tait pas seulement pour intĂ©resser une personne malade aggravĂ©e par la tristesse, mais pour lui faire un traitement de choc. Car le docteur Katz disait que beaucoup de personnes sont amĂ©liorĂ©es par ce traitement Ă l’hĂŽpital, oĂč on leur allume brusquement l’Ă©lectricitĂ© dans ce but. Monsieur Waloumba Ă©tait aussi de cet avis, il disait que les vieilles personnes retrouvent souvent la mĂ©moire quand on leur fait peur. Il avait mĂȘme guĂ©ri un sourd-muet comme ça en Afrique. Les vieux tombent souvent dans une tristesse encore plus grande quand on les met Ă l’hĂŽpital pour toujours, le docteur Katz dit que cet Ăąge est sans pitiĂ© et qu’Ă partir de soixante-dix ans ça n’intĂ©resse personne. » Ămile Ajar ( La vie devant soi)
Un remĂšde original ! Belles couleurs sur ce tableau.
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