»-. J’ai eu, moi, toutes les facilités dont peut bénéficier un enfant et un adolescent. Quand je suis parti pour l’Asie, j’étais un jeune homme de vingt-quatre ans, né à Bordeaux, dans un milieu bourgeois et catholique. Mon père était un chirurgien très connu et respecté. L’éducation que j’ai reçue dans ma famille était stricte, très hiérarchisée. Le respect que mes sœurs et moi portions à nos parents était sans nul doute justifié. Mon père était un homme éminent dans son métier, et un personnage bouillonnant, mais fort peu tyrannique. Et ma mère était une femme très remarquable, très au-dessus de son milieu par la culture et le sens des responsabilités collectives.

J’ai reçu chez les Jésuites une éducation plutôt molle et sans grande signification qui ne m’a, ce me semble, aucunement marqué. Je trouve intéressants les récits qu’on peut lire sur l’empreinte qu’infligerait une éducation de ce type. L’éducation jésuite a glissé sur moi comme sur une toile cirée. Je n’ai rien gardé de cette période, pas même l’anticléricalisme. Un peu de latin, très peu de grec… Quelque ruse. Mais je suis gascon, et donc plutôt porté sur les procédures jovialement obliques… –. Pour savoir si cela ne vous a pas marqué, il faudrait savoir ce qu’aurait produit une autre éducation-. C’est vrai. Mais si je la compare avec celle que mes camarades, nés dans le même milieu, ont reçu simultanément dans un lycée bordelais, je ne vois aucune différence-. » Jean Lacouture (Un sang d’encre)
Une vie intéressante et un portrait amusant !
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