»-. Les Chinois, parmi les choses fortes qu’ils ont su inventer, ou préserver, ou revigorer, il y a la fête. -. N’est-ce pas une fête un peu trop ordonnée ?-. Comme tout ce qui se passe en Chine, planète de la spontanéité organisée. La fête, comme la discussion politique, comme les grands travaux, tout ça, en effet, est très organisé. Mais il est très difficile, pour un bourgeois occidental comme moi, de savoir ce qui se passe dans le cerveau, ou les tripes, ou le système nerveux d’une demoiselle chinoise de quatorze ans, qui saute en l’air avec des guirlandes de feuilles et de fleurs dans les ✋, pour saluer l’estimable hôte étranger. Est-ce qu’elle s’embête, est-ce qu’elle est heureuse ?

Autre sport passionnant, en Chine, la boxe contre son ombre. La boxe chinoise, que l’on voit pratiquer surtout à Shanghai. L’homme n’a pas d’adversaire, il boxe contre lui-même, il replie son corps en certaines attitudes qui sont, théoriquement, des gestes de combat, mais qu’il a réintégrés en une sorte de gymnastique. Il conquiert l’espace par ses gestes, et il conquiert son équilibre dans l’espace par ses gestes qui devraient être, qui sont à la limite des gestes de combat. Mais qu’il exécute pour lui-même, face à lui-même, et face à l’espace dans lequel il est inscrit. C’est une sorte de conquête du cosmos qui est très impressionnante, très belle, très chinoise. » Jean Lacouture (Un sang d’encre)
Beau portrait.
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