J’aime pas, j’aime…

 »-. J’aime la collégienne qui lit tout ce qui lui tombe sous la ✋, et qui fait le désespoir du conseil de classe. – Elle ne s’intéresse à rien, elle ne fournit aucun effort-. J’aime le grand gamin qui vient de lire son premier 💷, et qui n’en revient pas de l’avoir lu en entier et d’y trouver un tel plaisir. – Madame, je l’ai fini et tout de suite je l’ai recommencé-. J’aime le dandysme un peu de l’une, et la joie éclatante de l’autre.

J‘aime la lycéenne évaporée pour qui je pille le rayon  »poche » de la librairie, en vacances, et qui m’envoie des SMS à chaque 💷 qu’elle termine, parfois deux par jour. J’aime le tout petit enfant qui récite son album préféré au fur et à mesure que je tourne les pages, il a retenu jusqu’aux virgules. J’aime le bébé qui essaie furieusement d’entrer dans le 💷 cartonné en poussant les pieds dans la reliure. J’aime l’amie qui a trouvé son premier 💷 sur une poubelle, et n’a cessé depuis de lire. J’aime les gens qui empruntent les 💷, ceux qui fréquentent les bibliothèques. J’aime les enfants quand ils lisent, les grands, les très grands enfants aussi, et même les vieux enfants. Je crois que je n’aime pas beaucoup que la lecture soit cette vertu publique dont on peut tirer de la gloriole. Je crois que je voudrais toujours qu’elle soit un vice privé, un chemin de traverse, une échappée belle. Et que chacun lise pour soi, contre le monde. » Marie Desplechin ( Lire est le propre de l’homme)