»-. Depuis que j’ai perdu la vue, je ne fais que des cauchemars. Je suis poursuivi par mes propres đ·. C’est pour cela que j’aime bien appeler le cauchemar la Fable de la đ, ou bien le đ noir du rĂ©cit, ou bien encore le Rire du Jour… Vous savez, quand on est aveugle, on vit de nostalgie, qui est pour moi une immense brume lumineuse, l’arriĂšre-pays de mon passĂ©. La đ tombe sans cesse sur mes yeux, c’est un long crĂ©puscule. Si je fais l’Ă©loge de l’ombre, c’est parce que cette longue đ m’a redonnĂ© l’envie de redĂ©couvrir et de caresser. Je ne cesse de voyager. Je reviens sur les pas de mes rĂȘves-cauchemars. Je me dĂ©place pour vĂ©rifier, non les paysages, mais les parfums, les bruits, les odeurs d’une ville ou d’un pays. Je prends prĂ©texte de tout pour faire des sĂ©jours ailleurs. Je ne me suis jamais autant dĂ©placĂ© que depuis ma cĂ©citĂ© ! Je continue de penser que toute chose est donnĂ©e Ă l’Ă©crivain pour qu’il en use, le plaisir comme la douleur, le souvenir comme l’oubli. Peut-ĂȘtre que je finirai par savoir qui je suis. Mais cela est une autre histoire-.

Pendant que ce vieil homme, les â jointes sur sa canne, parlait, il fut peu Ă peu entourĂ© de gens de toutes sortes. Le cafĂ© devint une place, ou plus exactement une salle de classe dans une Ă©cole. Il avait senti, au bruit des chaises et au silence, qu’un public s’Ă©tait formĂ©. -. Vous ĂȘtes lĂ , tous ? Je n’entends plus ce tumulte d’or sur la đ»… » Tahar Ben Jelloum (L’enfant de sable)
UNe belle histoire et beau portrait d’un oeuil !
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