»-. Ma premiĂšre soirĂ©e solitaire. Au dĂ©but, je n’ose pas trop bouger. Je suis anesthĂ©siĂ© par la perspective des jours. Ă dix heures du soir, des explosions trouent le silence. L’air s’est rĂ©chauffĂ©, le ciel est Ă la neige, il ne fait que -12 degrĂ©s. L’artillerie russe pilonnerait le lac, la cabane n’en vibrerait pas plus. Je sors dans le redoux Ă©couter les coups de butoir, les courants forts font jouer la banquise. L’eau, prisonniĂšre, implore sa libĂ©ration. La glace sĂ©pare les ĂȘtres, đ, fleurs et algues, mammifĂšres marins, arthropodes et micro-organismes, du ciel. Elle fait Ă©cran entre la vie et les đ.

La cabane mesure trois mĂštres sur trois. Un poĂȘle en fonte assure le chauffage. Il deviendra mon ami. J’accepte les ronflements de ce compagnon-lĂ . Le poĂȘle est l’axe du monde. Autour de lui, tout s’organise. C’est un petit dieu qui possĂšde sa vie propre. Lorsque je lui fais offrande de bĂ»ches, je rends hommage Ă Homo Erectus, qui maĂźtrisa le đ„. Dans sa Psychanalyse du đ„, Gaston Bachelard imagine que l’idĂ©e de frotter deux bĂątonnets pour allumer l’Ă©toupe fut inspirĂ©e par les frictions de l’amour. En baisant, l’homme aurait eu l’intuition du đ„. Bon Ă savoir. Pour Ă©tancher la libido, penser Ă regarder les braises. » Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
Une histoire interessante, beau tableau d’hiver.
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