»-. Assis à l’orée du bois de châtaigniers qui surplombaient leur masure, Guillaume gardait les trois 🐄 et les cinq 🐐 de la famille. Lorsqu’il avait vu, à moins de cent toises de lui, les hommes qui gravissait t le sentier conduisant à la ferme. Dieu seul savait pourquoi le hurlement qu’il s’apprêtait à pousser pour alerter sa mère, ses deux jeunes frères et sa petite sœur qu’il savait dans la 🏡 s’était éteint sur ses lèvres. De même, ne se souvenait-il pas pourquoi, au lieu de courir pour rejoindre les siens, il s’était prestement hissé jusqu’à la couronne du plus proche châtaignier. Caché au milieu des énormes branches, il avait regardé les hommes d’armes atteindre sa 🏡 natale, et surtout vu, avec horreur, que son père était là, garrotté, entouré par les soldats.

Souvenirs atroces de son père, d’abord battu par la racaille puis soudain lardé de coups de rapière et poussé dans la chaumière d’où, déjà, s’élevaient les plaintes de sa mère, de ses frères et de sa petite sœur. Souvenirs indélébiles des cris qui montaient jusqu’à lui, comme était vite montée l’épaisse fumée que dégageaient l’étable et la 🏡 incendiées d’où, toujours, fusaient des gémissements. De plus en plus étouffés, bientôt couverts par les rires des tueurs, puis par le grondement des flammes. Ensuite… Ensuite, quand tout n’était que ruines fumantes et que la troupe des papistes était allé porter le mal ailleurs, lui étaient revenus les propos de son père. Alors, sans hésiter, sans même redescendre jusqu’à la ferme, où, il le voyait, tout avait brûlé, il s’était élancé plein sud… » Claude Michelet (Histoires des paysans de France)
Une histoire tragique, un arbre original sur ce tableau.
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