»-. –Il faut ravitailler le front. Les ouvriers doivent manger. Dès que nous sommes arrivés, les boutiquiers, les spéculateurs du marché ont fait monter les prix. Ils refusent de vendre pour les devises soviétiques, et n’acceptent que les anciens billets tsaristes ou ukrainiens. Aujourd’hui même, nous devons établir les prix fixes. Nous comprenons parfaitement que les spéculateurs ne voudront rien vendre à ces prix-là. Ils cacheront leur marchandise. Alors on fera des perquisitions et on réquisitionnera les stocks de ces écorcheurs. Il ne s’agit pas de prendre des gants.

On ne peut pas tolérer davantage que les ouvriers crèvent de faim. Le camarade Ignatieva nous met en garde, nous conseille de ne pas forcer la note. D’après moi, c’est de la mollesse intellectuelle. Il ne faut pas m’en vouloir, je dis ce qui est. Au reste, il ne s’agit pas des petits boutiquiers. On m’a informé aujourd’hui que l’aubergiste Boris Zone a une cave secrète dans sa 🏡. Avant l’arrivée des miliciens, les gros commerçants y ont garé d’énormes stocks-. Une demi-heure plus tard, huit hommes armés entraient chez l’aubergiste, deux autres restèrent dans la rue, postés à l’entrée. Le patron, un homme au poil roux, trapu et rond comme un tonneau, obséquieux, heurtant le sol de sa jambe de bois, demanda de sa voix de basse enrouée, gutturale. -. Qu’y a-t-il, camarades, pourquoi si tard ?-. Nous venons perquisitionner-. Nous-même crevons de faim, littéralement. On nous a tout pris !- » Nikolai Ostroviski (Et l’acier fut trempé…)
Jolis boite de poissons !
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